Les pleurs et les cris d’un enfant sont des signaux indiquant un malaise, il est essentiel que les parents réagissent de manière appropriée, régulière et chaleureuses pour apaiser et sécuriser l’enfant. La manière dont la mère répond aux besoins physiques et émotionnels de son enfant joue un rôle essentiel dans le développement d’une relation d’attachement sécurisante. Par ailleurs, l’enfant a la capacité de développer des liens d’attachement avec d’autres personnes significatives de son entourage, comme son père, sa nourrice ou d’autres figures proches.
Souvent, on conseille aux parents de laisser leur enfant pleurer, en affirmant qu’il finira par se calmer tout seul. Lorsque la mère suit ce conseil, cela semble fonctionner. Cependant, cette méthode pourrait entraîner chez l’enfant un sentiment de rejet et d’insécurité, remettant en cause sa confiance envers sa mère. Les parents redoutent souvent qu’en répondant immédiatement aux besoins de leur enfant, cela crée une dépendance. Mais en réalité, le contraire se produit : sachant que sa mère est toujours là pour répondre à ses besoins, l’enfant se sent plus en confiance pour explorer le monde, car il sait qu’il peut retourner vers sa mère pour obtenir du soutien et du réconfort au besoin.
Il est essentiel de différencier l’amour de l’attachement dans une relation. Une mère cherchant des conseils aime sincèrement son enfant et recherche des orientations pour son bien-être. Cependant, si on lui suggère de laisser son enfant pleurer pour qu’il apprenne à se calmer tout seul, cela pourrait ébranler sa confiance en elle et encourager un attachement insécure, entraînant des conséquences potentiellement néfastes sur son développement cognitif, émotionnel et social.
Cet article sera suivi d’un autre où je détaillerai comment établir ce lien d’attachement avec des exemples concrets. Avant d’aborder ce sujet, je trouve important de partager des notions fondamentales sur l’attachement, telles qu’expliquées par : John Bowlby un psychiatre et psychanalyste britannique, célèbre pour ses travaux sur l’attachement, Yvane Wiart docteur en psychologie et Stanley Greenspan Pédopsychiatre.
-Yvane Wiart : La théorie de l’attachement est avant tout une théorie de la personnalité telle qu’elle se met en place au cours de l’enfance et de l’adolescence au sein de la relation aux parents et aux proches. Bowlby a découvert que l’attachement est un instinct conduisant l’enfant à rechercher la protection et le soutien de plus fort que lui pour assurer sa survie au départ. Ce besoin vital d’écoute, de compréhension et d’aide est actif la vie durant. Lorsqu’il n’est pas satisfait, il empêche le plein épanouissement de la personnalité et conduit entre autres à des difficultés relationnelles, autant entre adultes qu’avec ses propres enfants.
« Ne pas écouter le besoin d’attachement de l’enfant revient à lui faire vivre une violence psychologique, insiste Yvan Wiart. Cela entraîne des dysfonctionnements psychiques et physiques à plus ou moins long terme. »
-Le Dr Stanley Greenspan dit : « Le processus d’attachement à quelqu’un — qui commence dès les premiers mois de vie du nourrisson pour se prolonger au cours de l’enfance — est essentiel à l’éveil de la générosité, de la compassion et de l’altruisme. »
-Ce qui suit provient d’une discussion avec Yvan Wiart lors d’une entrevue accordée à Parent-solo.
Parent-Solo : Est-on “à jamais marqué par ses expériences précoces” ?
Yvane Wiart : Heureusement non. Les relations à autrui, qui ne se limitent pas à celles de couple, font l’objet d’un apprentissage au cours de l’enfance et de l’adolescence, au même titre que toutes les autres acquisitions que nous faisons dans ces périodes d’intense développement. La manière dont on perçoit autrui, dont on le considère et dont on lui parle se trouve être le reflet de la manière dont nos parents nous ont parlé, de la façon dont ils nous considéraient, ainsi que du modèle qu’ils nous ont offert de leurs relations entre eux, avec le reste de la famille, et avec les autres au sens large. Ils nous ont ainsi appris à nous considérer comme dignes ou non d’être écoutés, compris, soutenus et aimés, et réciproquement à concevoir autrui comme susceptible ou non de nous apporter écoute, compréhension, soutien et amour. Un tel conditionnement peut être corrigé par un nouvel apprentissage d’autres bases relationnelles, plus saines et plus épanouissantes, pour soi comme pour autrui.