Dans l’article précédent, j’ai abordé l’importance de créer un lien d’attachement sécure avec l’enfant, que ce soit à la maison avec les parents ou à la garderie avec les éducateurs et éducatrices. Dans ce nouvel article, j’expliquerai comment établir ce lien de manière concrète. Pendant la première année, les pleurs d’un bébé sont des signaux de détresse. Ils indiquent que quelque chose ne va pas. Répondre immédiatement à ces besoins est essentiel : le nourrir, changer sa couche (propreté), le prendre dans ses bras, le câliner, lui parler doucement, lui offrir des sourires. Une présence chaleureuse lui procure un sentiment de sécurité, lui transmettant le message qu’il est important et qu’il mérite d’être aimé. L’absence ou une présence intermittente de cette figure d’attachement crée un sentiment d’insécurité, donnant à penser qu’il n’est ni entendu ni aimé, ce qui pourrait le conduire à cesser de demander de l’aide. Après la première année, un enfant peut tolérer un laps de temps avant que son besoin physique ne soit satisfait, mais ce délai doit demeurer raisonnable. Les enfants pour qui nous avons répondu rapidement avant l’âge d’un an seront plus en mesure d’attendre, car ils ont établi un lien de confiance avec leurs parents et savent qu’ils seront entendus. Par exemple, en m’occupant d’un enfant atteint de fièvre, je pourrais faire patienter le plus jeune qui veut manger, tout en le rassurant doucement en lui expliquant que cela ne prendra pas longtemps avant que je puisse m’occuper de lui. Pour cultiver un attachement solide, il est tout aussi important de jouer avec l’enfant, de partager des moments de plaisir, de plaisanter et de rire ensemble. Les enfants apprécient les jeux de motricité et le contact physique. Selon leur âge, ils peuvent courir, sauter pour atterrir dans vos bras, jouer au ballon ou même imiter des animaux ensemble. Il existe une multitude d’activités, surtout celles qui vous plaisent personnellement. Par exemple moi, j’aime jardiner avec eux. Regarder un livre ensemble est également une activité très appréciée des enfants : s’asseoir sur les genoux d’un parent, pointer du doigt les images du livre dès les premiers mois de vie. Les enfants adorent aussi l’utilisation de signes non verbaux tels qu’un pouce levé, un sourire, un clin d’œil, voire l’invention de signaux secrets entre vous. Les besoins physiques incluent la nourriture, le mouvement, le repos et le contact physique, tandis que la sécurité émotionnelle se construit à travers l’empathie, l’amour, l’assurance, le soutien, la confiance et la compréhension. À travers les exemples suivants, je vais partager quelques expériences vécues qui m’ont aidé à garantir une assurance émotionnelle, renforçant ainsi mon lien avec les enfants. Haut du formulaire Ex 1 : un enfant veut sortir maintenant alors que je suis occupée avec une tâche, je peux lui dire : je comprends que tu veux sortir mais j’ai un travail à finir, que penses-tu de m’aider ça ira plus vite pour moi et nous pourrons sortir après. Ex 2 : un étranger (pour l’enfant que vous connaissez ou non) veut s’approcher votre enfant, ce dernier a peur. Évitez de lui dire que cette personne est gentille et qu’elle veut juste jouer avec toi. Montrez-lui que vous comprenez sa peur, rassurez-le et expliquez à la personne qu’elle peut juste faire des signes de loin et peut-être s’approcher petit-à-petit selon la réaction de l’enfant. Ex 3 : Lorsque mon enfant est effrayé par des bruits, plutôt que de minimiser en disant “ce n’est rien, juste un camion”, je le prends dans mes bras pour le rassurer et je valide son émotion en nommant ce qu’il ressent (“Ce bruit te fait peur ? C’est un camion qui vient de passer.”). Il est crucial d’aider les enfants à comprendre leurs émotions. Bientôt, un nouvel exercice gratuit sera disponible sur ce site pour cela. Je lui montre également des vidéos présentant différents véhicules et leurs sons. J’ai découvert des chaussons illustrant les véhicules, ce qui s’est avéré très utile. Dehors, j’en profite pour lui montrer ces véhicules en vrai, d’abord de loin, puis en nous approchant progressivement tout en le tenant dans mes bras. Ex4 centre commercial crise fatigue Ex 5 Vous êtes au centre commercial, en train de vous précipiter entre les boutiques pour faire vos achats, lorsque votre enfant commence soudainement à pleurer, tombe par terre et fait une crise. Mettez-vous à sa place : il est probablement fatigué. Arrêtez-vous, déposez votre chariot de côté, prenez-le dans vos bras et dites-lui doucement qu’il est fatigué, que vous êtes là pour lui et que vous allez bientôt partir. Si nécessaire, sortez du magasin pour le calmer, puis revenez pour payer. Ne vous préoccupez pas des regards des autres, car cela pourrait vous stresser et vous empêcher de réconforter votre enfant. En début de carrière en tant qu’éducatrice, lorsque les enfants tombaient, j’avais l’habitude de dire “ce n’est pas grave” pour apaiser la situation. Cependant, au fil des années et grâce à ma formation, j’ai compris l’importance de ne pas minimiser ni exagérer les émotions des enfants. Il est crucial de les encourager à exprimer leurs sentiments plutôt que de les refouler. Dans l’histoire intitulée “Moi, j’ai choisi de ramasser”, vous verrez comment Mamiche a réconforté Kamola en lui exprimant ce qui s’était passé, ce qu’elle allait faire pour elle et comment elle pourrait se sentir après : “Tu as marché sur un jouet, ça doit faire mal ; je vais te mettre de la glace, ça va soulager.” Dans les deux prochains articles, je vais détailler l’impact du temps exclusif et des règles dans le développement d’un lien solide avec les enfants. Comprendre ces aspects est la clé pour résoudre toutes les situations difficiles avec les enfants, et cela va également faciliter une transition plus harmonieuse vers l’adolescence, favorisant ainsi l’épanouissement vers l’âge adulte, plus fort et équilibré.
La relation d’attachement
Les pleurs et les cris d’un enfant sont des signaux indiquant un malaise, il est essentiel que les parents réagissent de manière appropriée, régulière et chaleureuses pour apaiser et sécuriser l’enfant. La manière dont la mère répond aux besoins physiques et émotionnels de son enfant joue un rôle essentiel dans le développement d’une relation d’attachement sécurisante. Par ailleurs, l’enfant a la capacité de développer des liens d’attachement avec d’autres personnes significatives de son entourage, comme son père, sa nourrice ou d’autres figures proches. Souvent, on conseille aux parents de laisser leur enfant pleurer, en affirmant qu’il finira par se calmer tout seul. Lorsque la mère suit ce conseil, cela semble fonctionner. Cependant, cette méthode pourrait entraîner chez l’enfant un sentiment de rejet et d’insécurité, remettant en cause sa confiance envers sa mère. Les parents redoutent souvent qu’en répondant immédiatement aux besoins de leur enfant, cela crée une dépendance. Mais en réalité, le contraire se produit : sachant que sa mère est toujours là pour répondre à ses besoins, l’enfant se sent plus en confiance pour explorer le monde, car il sait qu’il peut retourner vers sa mère pour obtenir du soutien et du réconfort au besoin. Il est essentiel de différencier l’amour de l’attachement dans une relation. Une mère cherchant des conseils aime sincèrement son enfant et recherche des orientations pour son bien-être. Cependant, si on lui suggère de laisser son enfant pleurer pour qu’il apprenne à se calmer tout seul, cela pourrait ébranler sa confiance en elle et encourager un attachement insécure, entraînant des conséquences potentiellement néfastes sur son développement cognitif, émotionnel et social. Cet article sera suivi d’un autre où je détaillerai comment établir ce lien d’attachement avec des exemples concrets. Avant d’aborder ce sujet, je trouve important de partager des notions fondamentales sur l’attachement, telles qu’expliquées par : John Bowlby un psychiatre et psychanalyste britannique, célèbre pour ses travaux sur l’attachement, Yvane Wiart docteur en psychologie et Stanley Greenspan Pédopsychiatre. -Yvane Wiart : La théorie de l’attachement est avant tout une théorie de la personnalité telle qu’elle se met en place au cours de l’enfance et de l’adolescence au sein de la relation aux parents et aux proches. Bowlby a découvert que l’attachement est un instinct conduisant l’enfant à rechercher la protection et le soutien de plus fort que lui pour assurer sa survie au départ. Ce besoin vital d’écoute, de compréhension et d’aide est actif la vie durant. Lorsqu’il n’est pas satisfait, il empêche le plein épanouissement de la personnalité et conduit entre autres à des difficultés relationnelles, autant entre adultes qu’avec ses propres enfants. « Ne pas écouter le besoin d’attachement de l’enfant revient à lui faire vivre une violence psychologique, insiste Yvan Wiart. Cela entraîne des dysfonctionnements psychiques et physiques à plus ou moins long terme. » -Le Dr Stanley Greenspan dit : « Le processus d’attachement à quelqu’un — qui commence dès les premiers mois de vie du nourrisson pour se prolonger au cours de l’enfance — est essentiel à l’éveil de la générosité, de la compassion et de l’altruisme. » -Ce qui suit provient d’une discussion avec Yvan Wiart lors d’une entrevue accordée à Parent-solo. Parent-Solo : Est-on “à jamais marqué par ses expériences précoces” ? Yvane Wiart : Heureusement non. Les relations à autrui, qui ne se limitent pas à celles de couple, font l’objet d’un apprentissage au cours de l’enfance et de l’adolescence, au même titre que toutes les autres acquisitions que nous faisons dans ces périodes d’intense développement. La manière dont on perçoit autrui, dont on le considère et dont on lui parle se trouve être le reflet de la manière dont nos parents nous ont parlé, de la façon dont ils nous considéraient, ainsi que du modèle qu’ils nous ont offert de leurs relations entre eux, avec le reste de la famille, et avec les autres au sens large. Ils nous ont ainsi appris à nous considérer comme dignes ou non d’être écoutés, compris, soutenus et aimés, et réciproquement à concevoir autrui comme susceptible ou non de nous apporter écoute, compréhension, soutien et amour. Un tel conditionnement peut être corrigé par un nouvel apprentissage d’autres bases relationnelles, plus saines et plus épanouissantes, pour soi comme pour autrui.